Res per nomen 6 :

 

Les catégories abstraites et la référence / Abstract categories and reference

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Les catégories abstraites et la référence

Les colloques Res per nomen sont traditionnellement consacrés à l'un ou l'autre aspect de la référence, c'est-à-dire le lien nécessaire entre la langue et notre expérience commune et individuelle du monde. Res per nomen 6 sera consacré à la question de la catégorie, en particulier celle des catégories abstraites. On distingue traditionnellement trois grandes approches de la catégorie : la plus intuitive, et la plus ancienne, puisqu'elle remonte à l'Antiquité, et qu'on peut qualifier de réaliste ou de logique, veut que les catégories soient les noms d'ensembles d'objets qui existent dans la nature, par exemple les arbres ou les poissons. L'appartenance d'un objet à une catégorie se fait alors en termes de conditions nécessaires et suffisantes. Les problèmes de cette approche sont très nombreux, notamment ontologiques (quelle est la nature mondaine de la catégorie ?) et fonctionnels (comment décider si les palmiers sont des arbres ou les baleines des poissons ?). Elle a été concurrencée au cours de la seconde moitié du XXème par une approche plus cognitive selon laquelle les catégories sont des concepts présents dans nos cerveaux soit par nature, soit par apprentissage, soit par une combinaison des deux, et que nous projetons sur le monde : si la baleine peut être rangée dans la catégorie des poissons, c'est qu'elle leur ressemble beaucoup. Pour la troisième approche, l'approche nominaliste, la catégorie n'existe pas dans l'univers, lequel ne comprend que des occurrences individuelles d'objets. La catégorie est alors une construction métalinguistique à partir d'un usage particulier des dénominations, celui qui nous permet de donner un même nom à des objets qui se ressemblent de quelque manière et de les regrouper ainsi dans une catégorie.
Si les problèmes sont vastes en ce qui concerne la catégorisation des objets réels, ils le sont encore plus pour les objets abstraits : à quoi font référence des mots comme beauté, vérité, amour, ou liberté ? C'est cette question que Res per nomen 6 entend étudier, comme à l'accoutumée, à partir de points de vues linguistiques et/ou philosophiques. La plupart des théories abordent la question des catégories abstraites comme une sorte d'extension de la problématique des catégorisations concrètes, mais sans forcément convaincre. Peut-être est-ce le moment de faire le point, et c'est pourquoi toutes les approches seront les bienvenues pourvu qu'elles placent au centre de leur réflexion la question de la référence des catégories abstraites.

 

Abstract categories and reference

The Res per nomen conferences are traditionally devoted to reference, i.e. the necessary link between language and our common and individual experience of the world. Res per nomen 6 will deal with the question of categories, especially abstract categories. There are three traditional ways of approaching categories. The most intuitive, which is also the most ancient as it goes back to Antiquity, is usually labelled realist or logical: categories are the names of sets of natural objects, for example trees or fish. Membership of such or such a set is then assigned by deciding whether an individual occurrence is endowed with the necessary and sufficient conditions typical of the set. Yet this approach generates a number of problems, especially ontological (what is the worldly nature of categories?) and functional (how do we decide whether or not palm-trees are trees and whales fish?). It was challenged from the middle of the XXth onward by a more cognitive approach according to which categories are concepts located in the brain either by nature or by learning, or both, which we project onto the world: if whales can be put into same category as fish, it is because they look very much alike. According to the third approach, the nominalist approach, there are no categories in the universe, there are only individual occurrences. The category is then a meta-linguistic construct built from a very specific use of names, i.e. their capacity of referring to a variety of objects which seem to bear a resemblance, thus lumping them together into a category.
Abstract categories are even more difficult to specify than real-world ones: to what entities do words such as beauty, truth, love and freedom refer? Res per nomen 6 intends to dwell on this particular aspect of categories, as usual from both linguistic and / or philosophical points of view. Most theories address abstract categories as a sort of extension of real-world categories, not always very convincingly. Maybe the time has come to take stock of the problem, and this is why all theories will be welcome as long as they deal centrally with the question of abstract categories.